Un bulletin de salaire réduit .. et opaque ! La feuille de paye passe à la moulinette du choc de la simplification !
L’objectif annoncé du gouvernement est de la clarifier dans un souci de pédagogie et d’économies substantielles ! En fait il s’agit d’un marché de dupes destiné à masquer la continuation de la casse des droits des travailleurs !
Lutter contre la complexité ne doit pas se faire au détriment de la connaissance et de la transparence. La CGT juge les recommandations du rapport « contraires » aux intérêts des salariés.
Elle dénonce notamment la perte d’informations indispensables, notamment sur les détails relatifs aux retraites (taux et bases de calculs). Elle critique aussi la méthode employée .( Le modèle de bulletin de paye a été testé par 19 salariés, dont 9 d’une seule entreprise, sur 23 millions en France et qui d’ailleurs ne l’ont pas tous approuvé. Les exigences des salariés en matière de démocratie sociale sont bafouées.)
Elle n’est pas opposée à une simplification du bulletin de paye afin qu’il soit plus lisible pour le salarié, mais la simplification se doit de donner du sens au bulletin de paye en mettant le salarié au centre des préoccupations du groupe de travail et en rendant plus compréhensible les fondements de notre système français de solidarité.
Pour FO, le risque existe de ne plus pouvoir à l’avenir « déceler » les éventuelles « erreurs » ou « fraudes de l’employeur ».
Et il n’y a pas que le nombre de lignes du bulletin de paie que l’on réduit : toute référence aux organismes collecteurs est supprimée. Exit les bases de calcul, taux de cotisations et détails relatifs aux retraites, ce qui empêchera tant au salarié de déceler toute erreur ainsi qu’à l’administration d’identifier les fraudes de l’employeur.
La complexité de la feuille de paie traduit dans les faits la complexité du financement de la protection sociale obligatoire; regrouper les lignes n’y changera rien ! L’entreprise n’y gagne rien et le salarié perd en information, les calculs n’étant plus visibles et devenant plus opaques.
Rappelons qu’historiquement cette complexité est le fruit de décisions politiques qui ont éclatée la protection sociale en de nombreuses institutions.
Les ordonnances du 4 et 19 octobre 1945 fondateurs de notre Sécu qui ont cherchées dès le début à atteindre un triple objectif : Unité de la Sécurité sociale; Généralisation quant aux personnes; et extension des risques se sont vus dès le début rapidement attaqués et remis en cause par le patronat et l’équivalent des libéraux de l’époque.
Et si le bulletin de paie est devenu au fil du temps une « énigme » pour les salariés, qui ne retiennent que le solde en bas de page dixit le journal des finances « Challenges » ( .. et bien à tord de leurs propres intérêts NDLR ) elle n’en demeure pas moins le reflet des cotisations et les masquer constituera bien « une très grande perte d’informations indispensables ».
Cerise sur le gâteau: La mention « coût du travail » devait apparaître sur le bulletin de paye, comme souci de « vérité » afin que le salarié ait bien conscience de son coût social.
On y échapperait à la demande de la CGT, ouf : La feuille de paye devant être un outil pour le salarié et non un outil de propagande patronale !
Pour rappel les cotisations sont pour partie constitutif d’un salaire différé socialisé, retraites, sécu etc… indispensable au parcours de vie et font à ce titre parties intégrantes du salaire et de la création d’une valeur économique crée par la force de travail .