La faillite de l’Europe des marchands

Le vent violent de la réaction emporte jusqu’aux valeurs que l’Union européenne prétendait incarner à ses débuts. Europe, Patrick Le Hyaric

Fondée sur l’insupportable concurrence de tous contre tous, incapable de porter des projets de coopération industrielle ou agricole, de développer une ambition continentale pour les services publics, de lutter contre la financiarisation de son tissu économique, elle est devenue une cynique machine portant les intérêts des classes possédantes en écrasant de son talon de fer toutes les aspirations sociales, démocratiques et écologiques. Égoïsme, concurrence, austérité budgétaire, autoritarisme, anti-démocratie et amputation des souverainetés populaires ne pouvaient que produire cette gangrène nationaliste et raciste qui s’empare de son corps.

Le repli national est une conséquence du déchaînement libéral consécutif à l’acte unique et au traité de Maastricht confirmé dans le traité de Lisbonne. Désavouée par les peuples, terrain privilégié d’un consensus entre droite et social-démocratie, cette construction s’est imposée par la force et la coercition. Elle ne pouvait que devenir un objet de rejet.